foto

· Critique d’art

Martin Engler est nè en 1953 à St. Gallen. Il vit maintenant à Genève. Après avoir ètudiè l’art à Zurich de 1969 à 1972, il a dèveloppè diverses techniques en voyageant à travers l’Europe, l’Afrique, l’Amèrique du Sud et l’Asie de 1977 à 1985 : mixed media, huiles, collages et sculptures.

Ses oeuvres sont les instantanès d’une dèambulation èmotionnelle qui lie le monde de l’art et le quotidien dans un même courant. Ses “Portraits de Vie” transparents laissent suffisament d’espace à la fantasie du spec- tateur pourlui permettre de laisser libre jeu à la constitution de sa propre rèalitè.

“Quand on ne peut se rèsoudre à la vacuitè du monde, il faut bien l’astreindre à sa propre èchelle de valeur. Martin Engler, à grand renforts de techniques diverses, lui donne une dimension qui lui est propre. Le monde n’ètant pas un tout dont on cernerait aisèment les contours, son oeuvre ne fait que transcender cette diversitè. C’est donc en vain qu’on cherchera à la dèfinir pour mieux la rèduire. L’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit de libertè artistique. Martin ne suit aucune ligne prècise, il va là oú le mène son dèsir de crèer. A ceux qui lui rèclameraient un souci souvent opportuniste de cohèrence, l’artiste oppose la force vive de son talent. Toute trajectoire idèale est vouèe à l’ennui. S’il n’y a nulle part oú aller, pourquoi vouloir y accèder par le chemin le plus court? En bon nomade, Martin prend le temps de la contemplation. C’est ici et maintenant que l’essentiel se passe.”

· Art review

Artist Martin Engler was born in 1953 in St. Gallen, Switzerland. He now lives in Geneva. He studied art in Zurich from 1969 to 1972 and developed various techniques travelling through Europe, Africa, South Ame- rica and Asia from 1977 to 1985 : mixed media, paintings, collages and sculptures. His works are snapshots of an emotional strolling which links daily life to Art in the same flow. His transparent “Life Portraits” leave enough space for the spectator’s own fantasy allowing to freely build his own reality.

“If the world seems empty and hard to accept, there is one thing that we must do : impose our own scale of values upon it. Martin Engler, master a wide range of different techniques, gives the world a dimension of its own. Since the world is not a totality whose outlines can easily be defined, his works simply transcend this diversity. Thus, it would be futile to try and define such diversity and so more easily redude it. The stakes are high, since the issue is no less than artistic coherence, with the opportunism this often involves. The artist responds with all the vitality of his undeniable talent. Any career that follows an ideal course is bound to end in boredom. If you have anywhere to go, why try to get there by the shortest possible route? Like the nomad he is, Martin takes time for contemplation. It is here and now that the most important things happen.”

· Kunstkritik

Wenn man sich nicht mit der Leere der Welt abfinden kann, muss man sie wohl seiner eigenen Wertordnung unterwerfen. Martin Engler verleiht ihr unter grossem Einsatz verschiedener Techniken eine ihm eigene Dimension. Da die Welt nicht ein Gesamtbilde darstellt, dessen Umrisse leicht zu erfassen wohren, übersteigt sein Werk erst recht diese Vielfalt. Deshalb versucht man vergeblich, es zu definieren, um es besser eingrenzen zu können. Dabei steht viel auf dem Spiel, weil es um die künstlerische Freiheit geht. Martin verfolgt keine genau vorgezeichnete Linie, sondern bewegt sich dorthin, wo das schöpferische Verlangen ihn treibt. Denen, die von ihm eine - oft opportunistische - Sorge um Kohärenz fordern, setzt der Künstler die lebendige Kraft seiner echten Begabung entgegen. Jede Ideallinie ist nur Langeweile verurteilt. Wenn man nirgendwohin gehen kann, weshalb sollte man dann auf dem kürzesten Weg dorthin gelangen wollen? Als guter Nomade nimmt sich Martin Zeit für die Betrachtung. Das Wesentliche geschieht hier und jetzt. Seine Werke - Gemälde, Skulpturen oder Collagen - sind die lebendigsten Schnappschüsse dieses Spaziergangs der Gefühle. Sie zeugen von einer verloren geglaubten Unschuld. Dank ihnen finden wir die ursprüngliche Neugierde wieder, die mit ihrer einzigartigen, vom Zufall geleiteten Bewegung vom Leben zum Leben fährt.

foto

· Laudatio pour l’ouverture de l’exposition de Martin Engler à la Deutsche Bank, Freiburg im Breisgau. 21 June 2001

"L’ Art dépoussière l’âme du quotidien" ( Picasso) Nous trouvons là même où nous avons rarement l’idée d’aller chercher. Après ma première visite à cette exposition, j’ai réfléchi à la manière de complimenter l’artiste et de rendre compte de la qualité de son œuvre. Ce ne sont pas des pensées qui me sont venues à l’esprit mais des objets, des images d’objets ou, plus exactement, des objets en tant qu’images.

Je me suis alors souvenu d’un jeu qui convient aussi bien aux enfants qu’aux adultes et qui se pratique au cours de longues promenades ou lors de week-end pluvieux: il s’agit de préparer une valise imaginaire pour partir en voyage. Chacun y met quelques chose puis remet en pensée la valise au suivant qui lui ajoute quelque chose, le suivant aussi et ainsi de suite. La valise se remplit de plus en plus, tout d’abord avec des objets d’utilité première, puis avec des objets particuliers et à la fin, le vainqueur est celui qui se rappelle de tout ce qui a été placé dans la valise. Le contenu donne l’apparence d’un assemblage incohérent d’objets curieux qui, mis à part les brosses à dents et les pullovers, reflète non seulement la réalité utilitaire mais aussi les rêves et les désirs qui nous animent avant et après un voyage.

Quelle est la motivation du tzigane moderne qu’est le voyageur Martin Engler? Que nous apporte-t-il dans ses valises de plexiglas? Qu’est-ce qu’il y avait dans ces valises virtuelles qui surgit en premier dans mon esprit? Il apparaît alors du fil de fer barbelé, de vieilles chaussures d’ouvrier, un fusil, des pièces de jeu d’échecs, des armes, des chaînes d’esclave, des notes, des instruments de musique, l’immensité de l’océan, des factures, des quittances, des cloches, des montres de toutes sortes – avec ou sans aiguilles- , des pièces électroniques détachées fabriquées à Singapour, un accordéon, des souvenirs et des pièces de collection. Cet assemblage d’objets ne nous est pas présenté comme une masse amorphe mais ordonnée par thèmes, sans contraintes, de manière à ce que chacun de ces éléments puisse laisser suffisamment d’espace de jeu à ma fantaisie: je peux alors effectuer mon propre voyage avec ses souvenirs, ses couleurs, ses sons qui constituent ma propre réalité.

Seul un indice occasionnel nous rappelle de temps à autre que c’est un peintre qui nous parle: des huiles sur toiles tendues sur un châssis traditionnel ou des touches de pinceau colorées peintes directement sur le support transparent.

Ce qui surgit ensuite dans mon approche de ces œuvres d’art, c’est la curiosité par rapport à la création de l’objet d’art écrit en minuscules, ce qui relie l’artisan à l’art. Je suis alors tenté de toucher les objets afin de sentir, de deviner par quelle force particulière ils sont reliés à la structure en plexiglas, support même de l’œuvre. L’artiste a-t-il fait fondre des feuilles rigides pour les travailler et les former puis en éliminant l’air (vous connaissez la peur suscitée par un espace sans air expérimentée dans les cours de physique) fixe-t-il les objets qui deviennent alors immédiatement captifs?

Comme d’habitude des images nous viennent à l’esprit et nous pensons aux toutes premières œuvres d’art, les cavernes peintes et les peintures rupestres ou les histoires en images des Indiens. On présume qu’autrefois les artistes voulaient captiver les animaux et les objets, le monde matériel, afin de se rassurer. Aussi moderne que soit la matière du support de ces objets, à l’opposé leurs racines plongent très loin dans le passé. La relation avec la musique telle que nous la vivons ce soir est elle aussi une tradition ancestrale. De la création de l’objet d’art se dégage pour moi la métaphore de la force. Lorsque vous regardez ces œuvres de plus près et y pénétrez, vous remarquez alors que dans le processus de disposition des objets, une grande force entre en jeu, une puissante énergie les lie qui fait voler en éclats les cadres, déforme l’accordéon et éparpille le contenu du verre dans l’Océan. Je me mets alors à penser que lorsque nous nous approprions le monde afin d’y imposer notre ordre propre, en même temps nous le déformons.

Une autre caractéristique de ces œuvres est la transparence. Martin Engler renonce au support opaque du tableau, les siens sont transparents. N’en découle une indicible irritation, une insécurité, une sensation de mouvement. Ici à la banque, durant les heures d’ouverture, les clients et les employés se mêlent aux tableaux et y pénètrent de même que d’autres objets tels que les ordinateurs, les guichets et les sièges. Cet arrière-plan est changeant, en mouvement. Ce soir, les objets seront animés par les visiteurs de l’exposition. Cela signifie que l’artiste a renoncé intentionnellement au côté rassurant d’un arrière-plan visuellement stable, laissant place à l’environnement, l’invitant à participer à la création de l’œuvre d’art. Je pense que c’est un essai fort réussi d’extraire l’œuvre d’art de son habituel isolement et en même temps par là même de l’enrichir. Le monde de l’art et le quotidien sont ainsi reliés dans un même courant.

Permettez-moi pour terminer une remarque politique, une pensée pour la globalisation qui est devenue un fer de lance de l’argumentation. Nous devrions appréhender le processus de globalisation comme un ordre quasi divin, ne pas nous y opposer et en accepter ses bienfaits. En même temps, nous apprenons que la multiplicité des langues s’efface, que l’escalade de l’armement reprend, que l’abîme entre les pauvres et les riches se creuse de plus en plus, non seulement chez nous mais dans le monde entier. Le monde devient un grand village global plus supervisé, mais en même temps de plus en plus difficile à comprendre et pour beaucoup alarmant. C’est alors que l’art peut éventuellement nous apporter un peu de lumière à travers laquelle notre conscience peut se renforcer, notre vision s’élargir, nos jugements s’assouplir et notre tolérance vis-à-vis des étrangers de développer. Surtout lorsqu’un tzigane des cultures du monde tel que Martin Engler rassemble et recrée un univers.

Finalement le plus beau des compliments: les enfants auront beaucoup de plaisir à visiter cette exposition car elle n’implique pas la nécessité d’une démarche intellectuelle, elle est unique dans son esprit mais accessible. Je vous souhaite à tous une soirée très enrichissante.

· Inaugural tribute to Martin Engler’s art show at Deutsche Bank, Freiburg in Breigsau. June 21, 2001

“Art blows the cobwebs from the soul” (Picasso).

“Seek and ye shall find” - just where we least think of looking

After my first visit to this show I thought about how to pay tribute to the artist and do justice to the quality of his work. What came to mind were not thoughts but things, images of things or, more precisely, things as images.

Then I recalled a game that can be played by young and old, to pass the time during long walks or rainy weekends: the aim is to pack an imaginary bag before a trip. Each player packs something, then passes the imaginary bag to his neighbour, who adds something and passes it to the next player, and so on. The bag gra- dually fills up, first with essentials, then more specific things, and the winner is the player who can remember everything that has been packed. The contents look like a jumble of curiosities which, apart from toothbrus- hes, pullovers etc, reflect not only practical realities but the dreams and wishes we nurture before and after any trip.

Martin Engler is one of today’s “travelling people”, as it were, and through his plexiglass “luggage” we try to perceive his basic motivations. The first images that register are barbed wire, an old pair of workman’s boots, a rifle, chessmen, weapons, slaves’ manacles, sheet music, musical instruments, the boundless ocean, invoices, receipts, bells. Timepieces of all kinds - with hands or without - electronic components made in Singapore, an accordion, souvenirs and collectors’ items.

These objects are not presented as a formless mass; they are organized by themes - but in an unconstrained way so that each element allows enough play for the viewer’s own imagination. Thus we can embark on our own journey, with the memories, colours and sounds that compose our own reality.

There are only occasional reminders that we have a painter before us: oils on canvas over a conventional stret- cher, or colour brushstrokes applied directly to the transparent medium.

The next feeling one has when looking at these works is curiosity: about the creation of the actual work of art (writ small), and how the artisan connects to Art. I have an urge to touch the things and to guess what special force links them to the plexiglass structure, the work’s actual medium. I wonder whether the artist melted down flat sheets to form them, then expelled the air (remember how scared we were about the vacuum in our school physics experiments?) to enclose the objects that are instantly captive, like bees in amber.

This makes us think of the very first works of art, the cave paintings and rock drawings or the Indians’ pic- ture stories. Presumably, in that remote past, the artists wanted to fix these images of animals and things, the material world, to give themselves a sense of security.

However modern the physical medium of these works may be, their roots reach far down into the past. The relationship to music, like that we are hearing this evening, is likewise an ancestral tradition.

Perhaps we can view the creation of a work of art as a metaphor for the generation of energy. If we look at these works more closely and interact with them, we notice that the arrangement of the objects generates great force; they are linked by a powerful energy that bursts the frames apart, distorts the accordion and scatters the glass’s contents in the ocean. We feel that when we try to impose our own order on the world, we also distort it.

Another feature of these works is their transparency. Martin Engler has given up opaque picture media: his are transparent. The result is an indefinable friction, an insecurity, a sensation of movement. Here at the bank, during opening hours, customers and employees mix with the pictures and interact with them in the same way as other things - computers, teller windows, furniture. The background is in a process of constant change and movement. This evening the exhibition visitors will bring the works to life. The artist has delibe- rately rejected the sense of security provided by a visually stable physical background in favour of the whole environment; the environment is invited to share in creating the work of art.

I think the artist has been highly successful in attempting to “out” works of art from their customary isola- tion; they are the richer thereby. The world of art and the everyday world are borne along in the same current.

To end on a political note, globalization is the topic on everyone’s lips nowadays. We are expected to view the globalization process as something godlike, to bend the knee and accept its benefits. At the same time we are told that linguistic variety is on the wane, the arms race is starting again and that the gap between rich and poor is widening, not only in our country but worldwide. The world is becoming a big global village under ever closer control, but many people also find it confusing and alarming. It is in this situation that art may help us to be more aware, to open our eyes, to make our judgements more flexible and us more tolerant of people from other lands - especially where a traveller in many cultures, like Martin Engler, brings a whole world together and creates it anew.

Finally, the crowning compliment. This show will be a great hit with children: you do not need to be an inte- llectual to appreciate it, it has a spirit you will not find elsewhere, and yet it is accessible to all.

I feel sure you will find this evening a highly enriching experience.

· Laudatio zur Ausstellungseröffnung Martin Engler Deutsche Bank, Freibug im Breisgau. 21. Juni 2001

"Kunst wäscht den Staub des Alltags von der Seele." ( Picasso) Wir finden, wo wir am wenigsten suchen. Als ich nach einem ersten Rundgang über diese Ausstellung darüber nachdenken wollte, was ich wohl als Laudatio, also zu Ehren des Künstlers, oder doch wohl besser zur Würdigung seiner Kunstwerke sagen könnte, da kamen mir zunächst keine Gedanken in den Kopf, sondern Gegenstände, Bilder von Gegenständen, genauer : Gegenstände als Bilder. Mit fällt das Spiel ein, das man auf längeren Spaziergängen oder an verregneten Wochenenden mit Kindern und Erwachsenen gleich gut spielen kann, bei dem es darum geht, in Vorbereitung einer Reise einen Koffer zu packen, jeder legt etwas hinein, reicht den Koffer im Geist an den Nächsten und der legt etwas dazu und der Nächste auch und so weiter; der Koffer füllt sich immer mehr, erst mit nützlichen Gegenständen und dann mit den wundersamsten Sachen und am Ende weiss nur noch einer, der Sieger, was alles sich angesammelt hat. Es ist eine scheinbar zusammenhanglose Menge der merkwürdigsten Dinge und spiegelt in der Zusammensetzung, wenn erst einmal die Zahnbürsten und Pullover abgearbeitet sind, nicht nur die brauchbare Realität, sondern auch die Träume und Sehnsüchte wider, die uns vor und nach einer Reise bewegen.

Was bewegt den modernen Zigeuner, den weitgereisten Martin Engler, was hat er uns in seinen Plexiglaskoffern mitgebracht ? Was war alles in dem virtuellen Koffer, der mir zunächst im Kopf auftauchte ? Es tauchen Stacheldraht auf und alte Arbeitsschuhe, ein Gewehr, Schachfiguren, Armierungseisen, Fussfesseln, Noten, Musikinstrumente, ein Ozeanriese, Rechnungen, Quittungen, Glocken, Uhren aller Art, mit und ohne Zeiger, Elektronikbauteile, in Singapur gefertigt, Autoteile, Kokosnüsse, eine streckt mir die Zunge raus, Bilderrahmen und eine Ziehharmonika. Erinnerungs- und Sammlerstücke. Dieses Sammelsurium ist uns nicht als amorphe Masse geboten, sondern nach Themen geordnet, freilich so indifferent, dass jedes dieser Reliefs meiner Fantasie genügend Spielraum lässt, meine eigene Reise anzutreten und Ereignisse, Farben, Klänge und Gedanken zu erleben, mir meine eigene Wirklichkeit daraus zu bilden. Nur noch gelegentlich ein Hinweis, ein Indiz dafür, dass uns ein Maler anspricht, nämlich integrierte Bilder auf Leinwand, die auf Keilrahmen gespannt sind, ganz in der alten Tradition, und gelegentlich farbige Pinselstriche auf dem transparenten Bildträger.

Der zweite Schritt, mit dem ich mich diesen Kunstwerken annäherte, war die Neugierde gegenüber der Machart. Mach-art….Denken Sie sich das Wort mal mit Bindestrich und art kleingeschrieben, dann haben Sie die Verbindung von Handwerk zu Kunst. Ich bin versucht, die Objekte anzufassen, um zu spüren, durch welch eigentümliche Kraft sie an ihren Bildträger, das Plexiglas, gebunden sind. Hat der Artist mit Wärme und starken Folien gearbeitet und, indem er die Luft abgesaugt hat (Sie kennen die Angst vor dem luftleeren Raum aus dem Physikunterricht) die Gegenstände befestigt, ja gleichsam gebannt ?

Wie auch immer. Da uns hier Bildergeschichten vor Augen sind, ist es naheliegend, an die frühesten Kunstwerke zu denken, die Fels- und Höhlenzeichnungen, oder an die Bildererzählungen der Indianer. Man vermutet, dass die Künstler damals die Tiere und Gegenstände, die gegenständliche Welt, bannen wollten, sich ihrer versichern. So modern also der Werkstoff und die Machart dieser Objekte auch ist, so weit reichen andererseits ihre Wurzeln zurück. Und auch die Verbindung mit Musik, die wir hier heute abend erleben, ist eine uralte Tradition. Ich entnehme ausserdem der Machart die Metapher der Kraft. Wenn Sie die Arbeiten genau betrachten, und gerade dazu laden sie ein, dann werden Sie beobachten, dass beim Herstellungsprozess eine starke Kraft einwirkt, das Festhalten geschieht mit grosser Energie, die den Bilderrahmen zerbricht, das Akkordeon deformiert, das Glas über dem Ozeandampfer zersplittern lässt. Mir kam bei der Betrachtung der Gedanke, wie wir alle bei der Aneignung der Welt diese zugleich deformieren, indem wir sie in unsere Ordnung zwingen wollen.

.
.

Ein weiteres Merkmal dieser Objekte ist die Transparenz. Martin Engler verzichtet auf einen opaken Bildträger, seiner ist durchsichtig. Dadurch entsteht eine beabsichtigte Irritation, eine Unsicherheit, eine Bewegung. Hier in der Bank tauchen an Werktagen Kunden und Bankmitarbeiter nicht nur hinter, sondern gleichsam in den Bildern auf und andere Gegenstände wie Computer, Schalter oder Stühle. Und dieser Hintergrund ist veränderlich, ist in Bewegung, heute Abend werden die Objekte von Ausstellungsbesuchern bevölkert sein. Das heisst, der Künstler verzichtet bewusst auf die beruhigende Wirkung eines optisch stabilen Hintergrundes und lässt die jeweilige Umwelt zu, er ladet sie ein, macht sie zum Mitgestalter. Ich denke, das ist ein sehr gelungener Versuch. Das Kunstwerk aus seiner üblichen Isolierung herauszulösen und gleichzeitig zu bereichern. Die Kunstwelt und die Alltagswelt sind mit einander fliessend verbunden.

Gestatten Sie mir zum Schluss noch eine politische Bemerkung, einen Gedanken zur Globalisierung. Das ist ja nun das grosse Stich- und Schlagwort geworden in letzter Zeit. Wir sollen den Globalisierungsprozess als quasi göttliche Ordnung begreifen, uns ihm nicht widersetzen und seine Segnungen akzeptieren. Gleichzeitig erfahren wir, dass die Vielfalt der Sprachen abnimmt, die Weltrüstungsausgaben wieder steigen, die Kluft zwischen Arm und Reich nicht nur bei uns, sondern auch im Weltmassstab, immer grösser wird. Die Welt wird zum globalen Dorf, sprich : überschaubarer, gleichzeitig aber auch immer schwerer verständlich und für viele beängstigend. Da kann die Kunst - vielleicht - etwas aufhellen, indem sie unser Bewusstsein schärft, unsere Sichtweise erweitert, unsere Urteilsfähigkeit flexibler macht und auch unsere Toleranz gegenüber Fremden vergrössert. Gerade dann, wenn so ein Zigeuner zwischen den Weltkulturen wie Martin Engler für uns sammelt und gestaltet.

Das schönste Kompliment ganz zum Schluss : an dieser Ausstellung werden auch Kinder ihre Freude haben, denn sie ist auch ohne intellektuelle Anstrengungen, einzig über die Sinne, zugänglich. Ihnen allen wünsche ich einen erlebnisreichen Abend.

foto

· Cuba, le coffre-fort abandonné

Il y a quelques jours, Martin Engler est venu à mon travail pour y déposer quelques invitations au vernissage de ce soir. En ouvrant la mystérieuse enveloppe j’ai lu “Le coffre fort abandonné” et mon imagination c’est aussitôt mise en marche. Un coffre fort est déjà un objet qui n’a rien d’innocent. Il est, pour ainsi dire, “chargé symboliquement”. Je vous livre mon ressenti, mes réflexions, les questions et réponses que cette rencontre m’ont inspiré.

Quel formidable sujet dont un artiste peut s’emparer et à partir duquel développer un propos “pertinent” et surtout impertinent.

Un coffre-fort? ... Abandonné? Qu’est ce que ça peut vouloir dire?

Commençons notre enquête!

C’est Quoi? A quoi ça sert? Ou plutôt, « quelle est ça place dans mes besoins? » Bien sur sa fonction consiste à contenir et surtout protéger des valeurs ou des secrets à ma place. Il libère quelqu’un de cette double charge: porter et protéger. De Quoi? De la convoitise surtout, ce qui introduit une tension forte comme lui entre deux espaces qu’il instaure en les séparant: l’intérieure (protégé) et l’extérieur (instable, agressif, malintentionné...).

Sa place dans les besoins de l’homme est apparue avec la fin du nomadisme autant dire avec le début de ce que nous appelons “ civilisation “ ou l’art de vivre en citées. Les valeurs et les secrets devenant trop lourds à porter ... pour moi, un cheval ou une paire de boeufs pas assez rapides pour la nécessaire fuite en avant de mon évolution soupçonneuse. La promiscuité ne permettant plus d’enterrer en douce quoi que ce soit dans un coin tranquille, il ne reste plus qu’à confier ses valeurs et ses secrets au gardien le plus froid, bête et discipliné pour n’être jamais trahi: J’ai nommé LE COFFRE FORT. L’inertie formidable d’un creux plus lourd que s’il était plein; “L’inaccessible à portée de la main” vous dirait le vendeur.

Mais quel serait l’objet de la convoitise qu’il renferme? Le client de la protection? Qu’ai-je à soustraire de l’espace public sinon ce qu’il désir me prendre? Il y a, présupposée par ce blindage, une opposition latente mais forte entre la propriété et sa violation. Rien de plus n’est nécessaire pour échafauder les trois quarts des scénarii écrits ce dernier millénaire (et celui d’avant). L’intrigue brille par son évidence dès l’apparition du coffre-fort.

Néanmoins il c’est tout de même passé quelque chose de terrible qui a chamboulé notre âge de l’accès: La Dématérialisation qui abolit plusieurs données mais pas le problème.

Tout un chacun peut se définir de nombreuses manières: en dollar par jour entre autre mais il est plus que rare de voir la couleur de son argent en tous les cas plus qu’il ne se peut dépenser en deux jours à la fois car il n’est plus obligatoire de porter sur soi plus que dix grammes de plastique pour disposer de son capital.

Exit le sonnant et trébuchant. Les capitaux ainsi que leurs mouvements sont confiés à des circuits imprimés de bon aloi.

Ce fameux numérique ! Aux antipodes de l’ouvre originale et unique telle que les collagraphies de Martin sur la crise financière. Débutées en 2008 à Cuba avec la découverte de ce coffre abandonné, voici donc treize pièces uniques, parfois visionnaires tant elles ont anticipées l’actualité, que vous pourrez acquérir bientôt. Ainsi ce soir vous verrez ce personnage principal, ce coffre, qui parle si bien de notre monde et de nous-même, quand il nous ressemble, dans des situations et des postures particulières qui sont inscrites dans notre Histoire.

Je ne voulais pas compliquer tout ceci en traitant de sa qualité d’abandonné car la richesse symbolique du coffre fort n’en a nul besoin et s’eut été présomptueux. En revanche cet élément supplémentaire bouleverse complètement la lecture que vous pourrez avoir de l’oeuvre de Martin Engler et ceci vous appartient Comme il vous appartient de vous en ouvrir entre vous (ou pas). Pour l’heure Martin donne à voir et à aimer (je le souhaite) cette porte, ouverte sur une richesse d’interprétation qu’il laisse à votre discrétion.

· Cuba, the abondend safe

A few days ago Martin Engler came to my workplace to drop off some invitations for this evening’s vernissage. When I opened the mysterious envelope and saw the words “The abandoned safe” my imagination set itself into motion straight away. A safe, to begin with, is anything but an innocent object. It is so to speak symbolically loaded. Here is what I felt and thought, the questions and answers that this encounter brought up in me.

What an amazing topic for an artist to seize upon, as a starting point to develop a pertinent – and above all, impertinent discourse. A safe? Abandoned? What on earth does that mean ? Well, let’s find out !

What is it? What is it for? Or rather, how does it fit in with my needs? Of course, its purpose is to contain, and above all protect, valuables or secrets on my behalf. It frees people from a twofold load: carry and protect. From what? From greed, mainly, and this creates a tension, as strong as the object itself, between the two spaces that it creates by separating them: the inside (protected) and the outside (unstable, aggressive, malicious…).

It found its place in the lives of mankind with the end of the nomadic lifestyle, or you could say with the beginning of what we call today “civilisation”, the art of living in cities. Valuables and secrets have become too heavy to carry … too heavy for me, for a horse or for a pair of oxen that are too slow to let me make an escape forward, away from my suspicious evolution. Living on top of one another we can no longer bury things in a quiet corner, and so we have to entrust our valuables and secrets to the coldest, dumbest and most disciplined of keepers if we don’t want to be found out: The Safe. A formidable inert space; a hollow that seems to weigh more than if it were full; “The inaccessible within reach” as the salesman would tell you.

But what is the coveted object inside it? What is it that needs to be protected? What do I want to hide away from the public domain, other than what the latter wants to take away from me? There lies in this armour a latent but powerful contrast between property and its violation. Here are the makings of three quarters of all stories written in the last thousand years (and the thousand before them). The plot unfolds as the Safe makes its entrance.

And yet, something terrible has happened which has put our information age upside down: dematerialisation has done away with all kinds of data, but not with the problem itself. Each one of us can define themselves in many different ways: for example, in dollars per day. But it is less often that one sees the true colour of one’s money - other than that which you would spend within two days - for we no longer need to carry more than ten grams of plastic with us in order to have all our capital at our disposal. Gone are the days of notes and coins. Finance and capital flow is now controlled by shiny printed circuit boards.

Great new digital world! It is the direct opposite of art, where each work is original and unique, like Martin’s collagraphies about the financial crisis. Starting in 2008 in Cuba with the discovery of that abandoned safe, thirteen unique, sometimes visionary works came into being that you will shortly be able to acquire. And so tonight you will see the main character, the Safe, that tells us so much about our world and about ourselves, that holds up a mirror to those specific situations and postures that are enshrined in our history.

I wasn’t going to complicate all this by discussing its state of abandon. It would not have added to the symbolic richness of the safe and it would have been presumptuous. However this additional element turns your understanding of Martin Engler’s work upside down, and it is up to you what you make of it, just as it is up to you whether you want to share your readings of his works among yourselves (or not). For now, Martin opens your eyes, and (I hope) your heart, for this portal to a wealth of interpretations that he leaves entirely at your discretion.

· L’ART : Moyen de communication original pour la haute technologie

Chaque fin d’annèe, la sociètè suisse ERI Bancaire S.A. leader sur le marchè international dans le domaine de l’informatique bancaire, avec le progiciel intègrè “OLYMPIC Banking System”, adresse ses vúux - ses clients et partenaires, par le biais d’un cadeau original et symbolique. Cette annèe encore, grâce - un projet hors du commun, cet objectif a ètè largement atteint, comme l’attestent les tèmoignages et remerciements des destinataires.

A l’origine, une rencontre: celle de Madame Monika Assaraf, Prèsidente d’ERI Bancaire et de Monsieur Martin ENGLER, artiste suisse contemporain, vèritable mènestrel des temps modernes, dont les oeuvres figurent dans de nombreuses collections en Europe, au Mexique, aux Etats-Unis et en Asie. Les crèations transparentes de Martin ENGLER ètablissent un pont spatio-temporel entre les mèmoires passèes et celles à venir, laissant au spectateur l’espace nècessaire pour recomposer sa propre rèalitè.

Touchèe par ces “Portraits de Vie” qui sont autant d’histoires diffèrentes, Madame Assaraf confie à Martin ENGLER la rèalisation de 2002 oeuvres originales, signèes et numèrotèes, baptisèes “softARTware“.

A l’origine aussi, une collaboration de longue date entre ERI Bancaire et l’atelier Thierry CLAUSON. Graphiste reconnu et rècompensè sur la scëne internationale par de nombreux prix.

Nul doute que le succès emportè par cette initiative ouvrira de vastes horizons dans les domaines de la communication artistique et des nouvelles technologies.

foto